Histoire du navire et du naufrage
Le Salem Express était un ferry long de 115 mètres, construit en France en 1965, initialement nommé Fred Scamaroni. En 1988, il est racheté par la compagnie égyptienne Samatour et renommé Salem Express.
Le 15 décembre 1991, alors qu’il transporte des pèlerins revenant de La Mecque, le navire heurte le récif Hyndman, à quelques milles du port de Safaga. La rampe avant cède, inondant rapidement le garage. Le ferry coule en moins de 20 minutes.
Le bilan officiel évoque 464 morts et 180 survivants, mais des sources non officielles estiment que plus de 1 000 personnes auraient péri. Aujourd’hui, l’épave repose à 30–32 mètres de fond.
Carte : Localisation approximative de l’Ă©pave du Salem Express au large de Safaga, en mer Rouge.
L’épave aujourd’hui : entre ruine et témoignage
Le navire repose sur son flanc tribord. La coque est encore largement reconnaissable. Des cabines sont visibles depuis l’extérieur, ainsi que la rampe avant béante, point d’entrée de l’eau lors du naufrage. L’intérieur, en partie accessible, est rempli de vestiges.
Photo 1 – Descente vers la coque : Le plongeur longe l’extérieur du navire. Le silence, la pénombre et l’échelle du site imposent une retenue immédiate.
Photo 2 – Moto et sacs entassés : Une moto écrasée sous les effets personnels dans la cale. Le chaos figé.
Photo 3 – Draps et tissus : Certains tissus conservent leurs motifs, leurs couleurs. Témoignage silencieux d’un quotidien interrompu.
Photo 4 – Radio rouillée : Un objet familier dans un contexte devenu irréel. Un témoin inerte du passé.
Photo 5 – Clavier téléphonique : Le détail technologique contraste avec la dégradation générale. Rien ne fonctionne, mais tout parle.
Photo 6 – Chaussure, lumière distante : Une sandale dans le champ de la lampe. Une présence muette. Une absence évidente.
Respect du site
Le Salem Express est reconnu comme cimetière marin. De nombreux corps n’ont jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©s. Ce fait impose une conduite responsable Ă tout plongeur :
- Pas de prélèvement d’objet
- Pas de mise en scène ni d’éclairage agressif
- Pas de pénétration sans justification technique absolue
- Pas de publication de contenu sensationnaliste
- Pas d’entrée dans certaines zones identifiées comme sensibles
L’observation et la documentation doivent se faire avec humilité. Ce n’est pas un site de loisir, c’est un site de mémoire.
Organisation de la plongée
La plongée sur le Salem Express se fait généralement en daily depuis Safaga, avec un départ tôt le matin depuis une marina locale. Il s’agit d’un site éloigné, situé à environ 6 milles nautiques au sud-est du port, ce qui nécessite un trajet bateau d’environ 45 à 60 minutes selon les conditions.
Le site est souvent proposé comme plongée profonde (30 m) dans le cadre d’une sortie à deux plongées. Elle peut se faire en circuit ouvert, avec air ou nitrox (recommandé), sans obligation de qualification technique, mais avec une bonne expérience de la profondeur et de la flottabilité.
Conditions typiques :
- Profondeur max : 30 à 32 mètres
- Visibilité : bonne à excellente
- Courant : faible à modéré
- Type de mise à l’eau : directe depuis la plateforme arrière du bateau
Aucune autorisation spĂ©ciale, mise a part un permis d’accès au site (Ă payer en plus)m n’est nĂ©cessaire pour les plongeurs rĂ©crĂ©atifs, mais certains centres demandent un niveau minimum (Advanced ou Ă©quivalent). Le site Ă©tant classĂ© comme sensible, un briefing sĂ©rieux est gĂ©nĂ©ralement effectuĂ©, notamment sur l’historique du naufrage et le comportement attendu.
Conclusion
Le Salem Express est une épave particulière. Son intérêt historique et humain dépasse le simple attrait de la plongée. Ceux qui choisissent de la visiter doivent le faire en conscience, dans un esprit de sobriété, de respect et de transmission.
Les images prises ici ne sont pas là pour illustrer une aventure. Elles sont là pour rappeler qu’au fond, la mer garde aussi des histoires tragiques — et que le rôle du plongeur est parfois de se taire, d’observer, et de ne jamais oublier.